Faites attention aux huiles essentielles!

Faites attention aux huiles essentielles!

Quelles sont les huiles essentielles dermocaustiques et photosensibilisantes?

Quand on décortique des recettes de cosmétiques naturels ou DIY sur le net, on peut parfois être surpris des conseils prodigués. Parmi les principes actifs composants les huiles essentielles, plusieurs sont dermocaustiques ou photosensibilisants. Leur utilisation requiert donc une attention particulière pour ne pas dire une certaine vigilance.

Huiles essentielles dermo-caustiques

Les phénols

On qualifie une huile essentielle de dermocaustique lorsqu’elle brûle la peau ou les muqueuses. Cette propriété se retrouve dans les phénols , molécules qui sont par ailleurs des anti-infectieux puissants (virucides, bactéricides, anti-parasitaires et anti-fongiques), et hypertenseurs. Ces principes actifs stimulants sont également utérotoniques [1] et hépatotoxiques[2]. Parmi les huiles essentielles à phénols, on trouve le girofle (eugenia caryophyllata), l’ajowan (trachspermum ammi), le thym thymol (thymus vulgaris CT thymol), la sarriette (satureja montana).

Malgré leur dermocausticité, ces huiles essentielles seront particulièrement intéressantes pour la peau et les muqueuses lors de mycoses, d’acné, de furoncles ou autres dermatoses infectées. Il faudra alors veiller à bien les diluer à un dosage n’excédant pas les 10% du total des huiles essentielles du mélange (sur le total d’un mélange à 10% d’huiles essentielles et de 90% d’huiles végétales, on comptera uniquement 1% d’huile essentielle dermocaustique).

Les aldéhydes aromatiques

L’huile essentielle la plus répandue qui contient des aldéhydes aromatiques est l’huile essentielle de cannelle écorce (cinnamomum verum) dont les propriétés sont similaires aux huiles à phénols, sans être hépatotoxique et les indications/précautions d’emploi sont identiques.

Les aldéhydes terpéniques

Pour les peaux plus sensibles, on évitera d’appliquer les huiles essentielles à aldéhydes terpéniques pures qui peuvent être irritantes pour la peau : Eucalyptus citronné (eucalyptus citriodora), Lemongrass (cymbopogon flexuosus), Litsea (listea cubeba), Anis étoilé (illicium verum), Manuka (leptospermum scoparium). Cela ne veut pas dire qu’il faut bannir l’application cutanée de ces huiles essentielles qui sont des anti-inflammatoires rapides et puissants. Une dilution à 10% (10% huile essentielle et 90% huile végétale) suffit pour les aldéhydes terpéniques.

Les huiles essentielles photosensibilisantes

On parle de photosensibilisation lorsque l’huile essentielle réagit lors d’une exposition au soleil en laissant une tache irréversible sur la peau.

Une composition biochimique avec des coumarines complexes (fouranocoumarines : bergaptène, xanthoxine, angélicine, impératorine et pyrannocoumarine : visnadine) rend l’huile essentielle photosensibilisante, quellle que soit sa dilution dans un mélange. Ces principes actifs sont anti-coagulants et sédatifs. Parmi les huiles essentielles contenant des coumarines complexes on retrouve : l’ammi visnaga (ammi visnaga), les agrumes (citron, orange douce, bergamote, mandarine, …), le fenouil (foeniculum vulgare), la livêche (levisticum officinalis), et la verveine citronnée (lippia citriodora).

La richesse olfactive des huiles essentielles d’agrumes (qui ne sont par ailleurs pas des huiles essentielles mais des essences, car elles sont obtenues grâce à un procédé d’expression et non de distillation) serait pourtant tellement intéressante en cosmétique ! Certaines enseignes proposent les essences d’agrumes exemptes de coumarines complexes afin de pouvoir les utiliser pour parfumer l’un ou l’autre soin cosmétique.

Il existe néanmoins un bon nombre de produits qui contiennent des agrumes dans leur composition. Une législation précise existe à ce sujet et les précautions d’emploi liées à l’utilisation des agrumes dépendent de plusieurs critères : rinçage, pénétration dans la peau, vaporisation, etc…. Cependant dans votre petite « popote » maison, soyez prudents !

Qu’en est-il des hydrolats des mêmes huiles ?

C’est une bonne question car cela dépend de la quantité d’eau avec laquelle l’huile essentielle a été distillée, et par conséquent, la concentration en huile essentielle de celui-ci. Plus il y a d’eau départ de la distillation, moins l’hydrolat sera concentré en huile essentielle, et moins il sera dermocaustique. Chaque hydrolat dépend donc de la distillation, donc de la personne qui distille ! En ce qui concerne la photosensibilisation, aucune preuve n’a réellement été donnée sur le sujet, néanmoins, il vaut mieux rester vigilant et garder son hydrolat de verveine citronnée (par exemple), pour le boire plutôt qu’en application cutanée.

Comme les huiles essentielles d’agrumes ne résultent pas d’une distillation à la vapeur d’eau, on ne peut pas trouver d’hydrolat d’agrumes.

[box] A savoir: En cosmétique selon la législation suisse actuelle il ne faut pas dépasser les 3%. Je recommande de garder vos huiles essentielles à un pourcentage inférieur à 1% dans la totalité de votre formule.[/box]

Comme dirait l’adage, « un homme averti en vaut deux » ! Si vous voulez éviter tout souci de réaction cutanée douloureuse ou inesthétique, gare aux huiles dermocaustiques et photosensibilisantes !

[1] Qui provoque des contractions de l’utérus (donc à éviter en cas de grossesse)

[2] Toxiques pour le foie

[author] [author_image timthumb=’on’]https://emeo.swiss/wp-content/uploads/2018/03/lise-jeanbourquin-2.png[/author_image] [author_info]Professionnelle de la dermo-cosmétique naturelle, Lise Jeanbourquin est également thérapeute en Fleurs de Bach et aromathérapie.[/author_info] [/author]

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